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Bill Clinton: ‘Notre Avenir Commun’



Fares et Clinton durant la Série de Conférences de Tufts, Boston pour l'année 2002



Sous les auspices du vice-président du gouvernement libanais M. Issam Fares, un centre unique en son genre, «Fares Center for Eastern Mediterranean Studies» (le Centre Fares pour les Etudes sur l’Est Méditerranéen) a été inauguré à l’Université Tufts à Boston.

Le nouveau Centre Fares, par le moyen des cours, conférences et recherches qu’il entend entreprendre, vise à favoriser une meilleure compréhension des cultures et des situations de la région. De même, il contribuera à diplômer une génération de personnes hautement qualifiées dans différents domaines, notamment les postes gouvernementaux, la prise de décision, les organisations internationales, l’information, etc.




Fares et Clinton inaugurent «Le Centre pour les Études de l’Est Méditerranéen aux Etats-Unis».



M. Fares a souhaité que son initiative puisse aider l’Université Tufts à élargir et à approfondir l’étendue des études, recherches et conférences effectuées aux États-Unis au sujet de l’Histoire, des civilisations et des cultures du Moyen-Orient, vu le rôle d’extrême importance que joue cette région au niveau de la paix et de la stabilité dans le monde.

Tufts a été choisie héberger ce Centre vu la grande valeur académique qu’elle possède parmi les universités américaines et l’excellence dont elle a fait preuve dans le domaine des relations internationales.



ALLOCUTION DE M. ISSAM FARES



Fares dans son discours: 'Il est temps de surmonter les grands défis confrontés par la région'



'C’est en effet une grande joie pour moi, de souhaiter la bienvenue à M. le Président BillClinton à cette série de conférences tenues à l’Université Tufts.

Étant donné, M. le Président, que vous allez parler de notre «avenir commun» nous devons le concevoir dans notre région en termes de paix. Dans le contexte de la mondialisation au 21e siècle, un conflit au Moyen-Orient aurait un impact direct sur le reste du monde. De ce fait, je me concentrerai sur la nécessité de résoudre le conflit du Moyen-Orient, un conflit auquel M. le président Clinton a accordé une attention toute particulière. Vers la fin de son mandat et au cours d’une période de trois semaines, il a été très proche de réaliser une percée. En effet, M. le Président a le don de se concentrer sur un problème et de le poursuivre sans relâche jusqu’à aboutir à la solution. Je suis bien placé pour le savoir puisque j’ai eu le privilège de me réunir avec lui à la Maison Blanche lors de son second mandat. J’ai été impressionné par l’acharnement qu’il met à résoudre les problèmes et par son intérêt réel en mon pays le Liban et en notre région du Moyen-Orient.

M. le Président, mon pays ainsi que tous les états arabes, ont prit la décision stratégique d’œuvrer pour instaurer la paix dans la région. Pendant trop longtemps notre région a été la proie de violences qui ont failli se transformer en guerres mettant en danger la structure de la paix mondiale. Alors que l’Occident regarde le Moyen-Orient comme un théâtre stratégique et un dépôt important de pétrole, pour nous, cette région est la source des civilisations classiques, le berceau des trois religions universelles: le judaïsme, la chrétienté et l’islam, et cette région a en outre fortement contribué à former la civilisation occidentale.

Il est temps aujourd’hui de lever le défi auquel cette région fait face. Il est absolument nécessaire d’arrêter la violence entre les Palestiniens et les Israéliens. Ce n’est qu’ainsi que nous arriverons à renverser les tendances fondamentalistes et les excès des idéologies extrémistes.

La violence engendre la violence et la haine enfante la haine. Dans les conflits tels que celui qui sévit actuellement au Moyen-Orient, il n’y a pas d’alternative au dialogue, un dialogue dans le cadre de la loi et de la légitimité internationale. Voilà cinq décennies que l’Organisation des Nations-Unies vote des résolutions portant sur tous les aspects du conflit du Moyen-Orient. La paix que nous recherchons doit être basée sur ces résolutions. Les résolutions des Nations-Unies sont là pour être appliquées et non pour être négociées indéfiniment et enfin destituées de leur contenu.

On parle maintenant d’un «retrait total en échange d’une normalisation totale». C’est bien, mais c’est une représentation quelque peu simpliste du tableau. Le retrait n’est qu’un aspect, et les positions des différentes parties sur cet aspect sont assez divergentes. Le problème des réfugiés est aussi pressant. Quelques 400.000 réfugiés palestiniens vivent au Liban uniquement, sans compter ceux dispersés dans d’autres pays, d’autres régions. La solution de leur problème devrait se faire conformément à la résolution 194 de l’ONU. Il ne s’agit pas simplement d’une question humanitaire, mais d’une question politique qui a une influence importante sur la stabilité future de la région.

La paix au Moyen-Orient, telle que je la vois, implique ce qui suit:

1- Le respect par Israël des résolutions des Nations-Unies portant sur tous les problèmes du conflit du Moyen-Orient. Ce respect inclut l’application des résolutions 242, 338 et 425 qui stipulent le retrait d’Israël des territoires occupés en 1967.
2- La création d’un état palestinien indépendant et viable.
3- Un accord sur l’élimination des armes de destruction massive dans touts les états de la région.
4- Un accord entre tous les états du Moyen-Orient sur un ordre économique qui favorisera le développement, le progrès ainsi que la mise en place d’institutions démocratiques.
5- Un accord sur une nouvelle vision de la région, dans laquelle chaque état se sent en sécurité à très long terme.

Monsieur le Président, au cours des derniers mois, les discussions vitales sur la paix ont été mises de côté, et l’effort diplomatique s’est concentré sur la cessation de la violence entre les Israéliens et les Palestiniens. La violence cependant est le symptôme d’un désaccord sur les grandes questions, tels que les points que j’ai mentionnés auparavant. Elle ne s’arrêtera que lorsqu’un règlement juste aura été atteint.

Concentrons-nous de nouveau sur la grande question de la paix. La paix au Moyen-Orient constituera un aboutissement historique. Un aboutissement tel que celui-ci mérite l’effort le plus important que la communauté mondiale puisse fournir. Les États-Unis doivent prendre la tête de cet effort. L’Europe et la Russie doivent en faire partie car elles ont beaucoup d’expérience dans les affaires du Moyen-Orient et de nombreux avantages à les régler. A la fin du mois courant, Beyrouth accueillera le sommet arabe. Le point essentiel à l’ordre du jour est la recherche d’une paix juste, stable et globale dans notre région. Le sommet a pris ses décisions par consensus et j’espère que ces décisions seront sérieusement prises en considération par toutes les parties concernées.

Monsieur le Président Clinton, nous sommes honorés que vous ayez accepté de prendre la parole ce soir et nous attendons avec impatience votre point de vue sur notre avenir commun que nous espérons pouvoir tous partager dans la paix et la prospérité.



ALLOCUTION DE L'ANCIEN PRESIDENT BILL CLINTON



Clinton: J'éspere que le Centre contribuera à susciter une sensibilisation

à l'égard de la civilization, l'histoire, et les circonstances globales du Moyen-Orient

et du Liban'  

Le président Clinton a, en premier lieu, exprimé la profonde gratitude des États-Unis pour l’initiative lancée par M. Fares de fonder le Centre pour les Études sur l’Est Méditerranéen à l’Université Tufts, un centre unique en son genre eu égard à son importance et son niveau académique. Il a souhaité que cette initiative permette d’approfondir la connaissance de la civilisation, de l’Histoire et de la situation du Liban et de la région.

Par ailleurs, le président Clinton a évoqué la guerre contre le terrorisme décrétée par le président américain et la coalition internationale au lendemain de l’attaque terroriste du 11 septembre dernier. Cette guerre qui touche l’Afghanistan vise le démantèlement d’Al-Qaida, la poursuite des terroristes et la maîtrise des armes de destruction massive grâce à un contrôle international strict.

Le président Clinton a estimé que ceux qui ont perpétré cet acte ignoble ne représentent ni les musulmans ni les Arabes, mais de simples individus. Les liens qui rattachent les États-Unis au monde musulman et aux pays arabes, les intérêts communs et l’attachement aux valeurs sont bien loin d’être affectés par des actes de ce genre. Il a souhaité que l’administration américaine explique aux pays et peuples amis sa position de manière plus élaborée. Puis il a rappelé les efforts consacrés par les États-Unis en faveur des peuples du Koweït, de la Bosnie, du Kosovo et du Pakistan, en vue de les libérer du joug de l’injustice, de la destruction et des actes de violence perpétrés tant par l’ancien président yougoslave Milosevic que par le président irakien Saddam Hussein. Les faits réels devraient être clarifiés et connus de tous.
Néanmoins, le président Clinton a mis en garde contre un acte individuel visant le président irakien, car tout acte ayant pour cible le régime de Saddam Hussein devrait s’inscrire dans le cadre de la coalition et de l’organisation internationales.
Et d’évoquer, dans son intervention, la situation au Moyen-Orient, le conflit israélo-arabe, les actes militaires qui affrontent Palestiniens et Israéliens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et le destin des réfugiés au Liban.

Au sujet de la situation dans les territoires occupés, le président Clinton dit que la violence et les attaques militaires, les attentats à la bombe visant les endroits publics et le massacre de civils ne sont pas en mesure de résoudre le conflit du Moyen-Orient et d’instaurer la paix dans la région. Seules les négociations et les concessions réciproques sont susceptibles d’amener les parties au conflit à convenir d’un compromis et à instaurer paix et sécurité dans la région. Les États-Unis et d’autres pays sont prêts à couvrir les frais de la relance économique qui favoriserait le retour de la prospérité et du développement dans la région, si les deux parties parvenaient à la paix souhaitée dans le cadre des négociations.

Pour la première fois dans l’Histoire, dit Clinton, on parle, sur la scène internationale, d’un État palestinien auprès de l’État israélien. Les États-Unis sont prêts à garantir la paix et à participer aux forces de maintien de la paix et de la sécurité dans la région pour que les accords de paix soient véritablement appliqués. La violence ne change point les faits et les vérités établies sur le terrain. Aucune solution militaire ne pourrait résoudre le conflit; seules les négociations sont susceptibles de mener les parties à la solution souhaitée et à trouver un compromis au sujet des concessions respectives. Les Israéliens doivent cesser les attaques militaires tout comme les Palestiniens doivent cesser toute attaque militaire et tout attentat à la bombe ayant pour cible les restaurants, les endroits peuplés et les Israéliens, car bien loin de résoudre le problème, ils l’aggravent davantage.
Le président Clinton a déclaré que le président Yasser Arafat demeure l’interlocuteur palestinien habilité à négocier au nom de son peuple pour l’instauration de la paix. Les substituts seraient le Hamas, le Tanzim et le Jihad. La création de deux États palestinien et israélien est nécessaire à la paix, à la sécurité et à la prospérité dans la région.
Quant au droit de retour de la diaspora palestinienne, Clinton a souhaité qu’on cesse d’estimer que la solution de la crise passe nécessairement par la mise en application du droit de retour de tous les réfugiés. Il est possible de régler le problème des réfugiés en assurant le retour des palestiniens du Nord d’Israël ayant trouvé refuge au Liban. Mais insister à ce que tous les réfugiés retournent dans le pays serait impossible et ne favoriserait nullement le règlement du problème. Clinton a signalé que les Palestiniens et les Israéliens étaient parvenus à un compromis et à un accord sur la quasi-totalité de ses clauses durant les négociations de Taba, mais les négociateurs manquaient de courage et de détermination pour le reconnaître publiquement et lancer le processus de paix.
Par ailleurs, en louant l’initiative lancée par le prince Abdallah et le dialogue engagé par le président syrien Bachar El-Assad avec le prince héritier saoudien à ce sujet, le président a estimé que l’initiative de l’émir saoudien constituait un développement majeur pour la crise du Moyen-Orient.
Le président Clinton a critiqué la manière dont l’émissaire américain, le général Zinni, a géré la crise. Il était supposé engager des négociations afin de mettre un terme à la violence, mais a choisi de quitter la scène à chaque fois que la région connaissait une recrudescence de la violence.
Enfin, le président Clinton a transmis à M. Issam Fares son désir de visiter le Liban et la Syrie.



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