PrintEmail This Page
Interview avec CNBC
08 Mar 2005
Interview du Vice-Président du Conseil des Ministres libanais, M. Issam Farès, à la « CNBC » arabe le 8/3/2005

- Présentatrice : Afin de commenter les derniers développements sur la scène libanaise, nous avons avec nous et par téléphone M. Issam Farès, l’ancien Vice-Président du Conseil des Ministres libanais.
Que pensez-vous des manifestations d’hier et d’aujourd’hui. Est-ce la preuve que les Libanais sont actuellement divisés ?

M. Issam Farès : Non, ceci est une manière d’exprimer ses opinions. Ceux de l’opposition expriment leurs opinions. Nous étions hier à Damas pour la réunion du haut Conseil syro-libanais. Nous avons discuté de l’application des Accord de Taêf, du retrait syrien et de la résolution 1559 des Nations-Unies. Nous avons beaucoup insisté sur un point de la résolution 1559 ayant trait au retrait des troupes syriennes. Quant aux autres points de la résolutions, il traitent de la Résistance, des camps palestiniens et de leurs armements et de l’envoi de l’armée au Sud-Liban.

Les deux gouvernements sont décidés à faire respecter les résolutions internationales ainsi que leur mise en application. Quant à l’application, il est clair que le peuple refuse cette résolution et qu’il ne souhaite aucune intervention étrangère. Ce qui est rassurant est que les manifestants portaient le drapeau libanais. Ceci est une preuve que le martyr a uni les Libanais. Cet assassinat est un crime odieux et l’on se doit de découvrir celui qui, à travers ce crime, a frappé le Liban et la région dans son ensemble.

Présentatrice : Oui, bien sûr. Il existe de nombreuses interrogations concernant la situation libanaise et ce qui se passe actuellement sur le terrain. Pourquoi cette escalade de la part des deux parties, pourquoi toute cette médiatisation? Ne pensez-vous pas que c’est exagéré de la part des médias ? Ou est-ce bien ce qui se passe réellement ?

M. Issam Farès : Vous avez raison, ceci se passe réellement et nous ne le souhaitons pas. Le Liban traverse une situation très délicate. Les manifestations ont mené à la démission du gouvernement mais il est inadmissible que l’Etat et les institutions s’effondrent. Il faudrait que l’opposition participe au gouvernement. Il y a des consultations demain et je souhaiterais que tout le monde soit objectif et positif et que les solutions soient trouvées dans le cadre constitutionnel et à travers les institutions. Il existe des limites. Jusqu’où la rue ira-t-elle ? Cela fait trois semaines que la rue paralyse les activités économiques, sociales et politiques. Je suis de l’avis de Cheikh Hassan Nasrallah qui est pour une participation de tous dans le gouvernement.
Le Liban appartient à toutes les parties.

Présentatrice : Cela fait 21 jours que la vie tourne au ralenti au Liban. Le pays est actuellement menacé par une crise économique. Comment sortir de la crise ?

M. Issam Farès : La situation monétaire et financière ne risque rien pour le moment. Cependant, la situation économique constitue un problème et si la crise se prolonge, elle aura des répercussions négatives sur la situation financière.

Nous sommes confiants en la situation financière et monétaire, des mesures ont été prises par la Banque centrale qui permettent de maintenir la stabilité des marchés. Les transferts de capitaux vers l’étranger étaient très limités et les conversions vers le dollar américain étaient trés restreintes.
Il est clair que nous ne pouvons paralyser la situation économique d’un pays, et j’espère que les consultations présidentielles de demain aboutiront à la nomination d’un premier ministre.

Présentatrice : Si je puis me permettre Mr Farès, cheikh Hassan Nasrallah a déclaré que le Liban a besoin d’un gouvernement d’union nationale et qu’ un gouvernement neutre ne signifie rien. D’après vous y’ a-t-il un suivi de l’affaire et pouvons-nous aboutir à la formation d’un nouveau gouvernement qui serait neutre ?

Farés: Je partage le point de vue du cheikh Hassan Nasrallah sur le fait que la neutralité n’existe pas. Il n’y a qu’un gouvernement d’union nationale qui puisse satisfaire tout le monde, et dans lequel tout le monde ou tout ceux qui le désireraient participeraient. Il y’a donc une grande probabilité pour le retour de l’ancien gouvernement avec quelques modifications.

Présentatrice : Est-ce une éventualité ?

Farés : Le Liban traverse une phase critique, délicate et difficile. Il faut que tout le monde participe á la formation du gouvernement. C’est notre volonté, mais si la réponse est un refus de coopérer, le pays ne sera pas pour autant paralysé et un gouvernement sera formé qui ne pourra être neutre car la neutralité n’existe pas en politique.

Présentatrice : Mr Issam Fares Vice – Président du conseil des ministres je vous remercie.